Connaissez-vous l'histoire des fleurs du mal ?
Les Fleurs du mal est un recueil de poèmes de Charles Baudelaire englobant la quasi-totalité de sa production en vers, de 1840 jusqu’à sa mort survenue fin août 1867.
Publié en 1857, le livre scandalise aussitôt la société conformiste et soucieuse de respectabilité. Les pièces interdites paraissent en Belgique. La réhabilitation n’interviendra que près d’un siècle plus tard, en mai 1949.
Quelle est l’histoire de la publication de cet ouvrage ? Connaissez vous les raisons de la durée de sa réhabilitation ?
Un contexte difficile
Nous sommes en plein Second Empire sous le régime autoritaire de Napoléon III. Les auteurs y sont régulièrement victimes de la censure. L’écrivain, Gustave Flaubert, au début de l’année 1857, connaît un retentissant procès littéraire pour son livre Madame Bovary.
Avant de publier Les fleurs du Mal, Baudelaire fait éditer son livre 4 fois sur onze ans! En effet, même si les plus anciennes pièces remontent à 1841 elles n’ont pas survécu longtemps.
A l’époque certains poèmes sont publiés dans diverses revues, on note notamment: A une dame créole dans l’Artiste en 1845 ; Le vin de l’assassin dans l’Echo des marchand de vin en 1848.
Le 1 juin 1855 18 poèmes paraissent dans la revue des deux mondes sous le titres « Fleurs du Mal ».
C’est le 4 Février 1857 que Baudelaire remet à l’éditeur Auguste Poulet-Malassis un manuscrit de 100 poèmes. Toutefois, il confie à Poulet-Malassis sa crainte qu’une fois imprimé, le volume « ressemble trop à une plaquette ». Finalement, une première édition voit le jour le 25 Juin. Il en sort 1300 exemplaires.
Le 5 juillet 1857 dans le Figaro, Gustave Bourdin critique ouvertement « l’immoralité » des Fleurs du Mal. D’après lui, ce livre représente « un hôpital ouvert à toutes les démences de l’esprit « .
Le 14 juillet le Moniteur universel journal officiel qui dépend du ministre de la maison de l’Empereur, publie un article élogieux d’Edouard Thierry qui est le premier à les qualifier de « chef-d’œuvre », un chef-d’œuvre placé « sous l’austère caution de Dante »
Le 16 Juillet 1857 la justice saisit Les Fleurs du Mal. Baudelaire et son associé Poulet-Malassis se voient poursuivis pour outrage à la moralité.
Le 20 août 1857, le procureur impérial Ernest Pinard condamne le livre « pour outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs ».
Des tirages clandestins
Une nouvelle édition augmentée de 35 poèmes sera publiée en 1861. Baudelaire remanie son œuvre, en rendant l’architecture du livre plus cohérente. Poulet-Malassis risque un tirage clandestin : il est puni d’une nouvelle condamnation. Ensuite personne n’ose la réimprimer. Pourtant en 1907, nous rapporte Le Figaro du 25 décembre 1924 : « Un imprimeur débutant M. Crès s’enhardit à donner une édition des Fleurs du Mal, comprenant les pièces interdites. Qu’allait faire le Parquet ? Ignorance réelle ou simulée. Il ne bougea pas ».
Le jugement a été révisé le 31 mai 1949 : sous l’impulsion de la Société des Gens de Lettres, un procès devant la Cour de Cassation réhabilite Charles Baudelaire et ses éditeurs.
A présent vous connaissez les secrets de l’histoire des fleurs du mal, de Charles Baudelaire.