Connaissez-vous l'histoire de A la recherche du temps perdu?
Proust approche de la quarantaine. Sa vie est bien avancée puisqu’il mourra à l’âge de 51 ans. Il continue à avoir des doutes sur ses réelles capacités à écrire une œuvre majeure. Il est conscient qu’il mène une vie désœuvrée et il a d’ailleurs une réputation de dilettantisme et de mondain. Son asthme le fait souffrir depuis l’enfance déclenche en lui des crises qui le laissent épuisé, les pertes rapprochées de son père en 1903 puis de sa mère en 1905 l’affectent profondément. C’est la période la plus sombre de sa vie.
C’est en 1908 que Proust commence son roman à la recherche du temps perdu. La fièvre ne l’arrêtera pas et il écrira jusqu’à sa mort.
A la fin de 1911 Proust fait dactylographier un roman de plus de sept cents pages qu’il propose à l’éditeur Fasquelle. Le titre de cet ouvrage : « Les intermittences du cœur, le temps perdu, 1ère partie ». Y figure l’actuelle première phrase d’ « A la recherche du temps perdu »
Comment cette œuvre a-t-elle vu le jour ? quelle est l’histoire de sa publication ?
Une œuvre difficile à publier
Au début de 1912, plusieurs sujets préoccupent Proust : comment éditer le nouveau livre ? en combien de volumes ? en combien de parties ? faut-il découper l’ouvrage ? quel titre lui donner ? Les stalactites du passé, les reflets du passé, le visiteur du passé, le temps perdu et bien d’autres titres sont cités.
Des éditeurs sont approchés mais l’œuvre ne déclenche pas l’enthousiasme. Fin 1912 Fasquelle refuse le manuscrit puis ce sont les éditions Gallimard qui refusent à leur tour.
Proust est désespéré. Dans plusieurs lettres, il n’hésite pas à solliciter des amis proches des cercles littéraires (Jean Cocteau, Lucien Daudet, Louis de Robert) pour lui assurer la publicité de son livre. Dans une lettre de février 1913, il demande à son ami d’enfance, René Blum, très bien introduit dans le monde de l’édition de soumettre son œuvre, à l’éditeur Bernard Grasset. Pour augmenter ses chances d’être publié, il propose de payer lui-même l’édition. René Blum parvient à convaincre Bernard Grasset.
Une édition peu commune
Bernard Grasset est un nouvel éditeur sur la place de Paris qui se distingue de ses concurrents par ses méthodes modernes. Proust lui propose un contrat particulier qui, s’il est peu rémunérateur lui permet de conserver la propriété de l’ouvrage. Il propose l’envoi du manuscrit du premier volume « Le temps perdu, première partie » la seconde partie non encore terminée sera livrable quelques mois plus tard et prendra le titre de « Le temps perdu, deuxième partie ».
Le contrat avec Grasset est signé en mai 1913 mais de nouveaux aménagements, compléments et corrections interviennent. Il est prévu d’éditer l’ouvrage en deux tomes, le premier sous le nom de « Du côté de chez Swann » le deuxième à paraître plus tard devant s’appeler « Le côté de Guermantes» le titre général des deux volumes sera « A la recherche du temps perdu ».
Les regrets de Gallimard
Gallimard prend conscience de l’erreur commise en refusant l’édition de « Du côté de chez Swann ». Gide qui est à l’origine de ce refus écrit alors à Proust une lettre restée célèbre : « Depuis quelques jours je ne quitte plus votre livre. Hélas ! pourquoi faut-il qu’il me soit si douloureux de tant l’aimer?»
Gallimard propose alors à Proust d’en publier une prochaine édition remaniée. La chose est facilitée en raison de l’arrêt des activités de Grasset à cause de la guerre de 1914.
Proust accepte l’offre mais préfère attendre la fin de la guerre pour les nouvelles publications. Grasset accepte finalement la rupture du contrat en août 1916 et Proust envoie à Gallimard la première partie d’«A l’ombre des jeunes filles en fleurs» et annonce la seconde partie qui sera effectivement remise en mars 1917 avec les premières pages du « Côté de Guermantes ». L’ouvrage des « jeunes filles » ne sera publié qu’en 1919.
En décembre 1919 Proust se voit décerner le prix Goncourt pour «A l’ombre des jeunes filles en fleurs».
Une publication de l’au Delas
Les dernières semaines de la vie de Proust seront très actives. L’auteur rassemble les cahiers dont certains ont été écrits dès 1915 il les travaille à nouveau, les complète et parvient à bâtir une composition romanesque complète et cohérente qui deviendra bientôt le cinquième volet de « la recherche ».
La version de « la Prisonnière » remise à Gaston Gallimard après la mort de Proust sera révisée par son frère Robert et par un ami Jacques Larivière et sera publiée le 14 novembre 1923. « Albertine disparue » paraîtra en 1925 et enfin «Le Temps retrouvé» dont l’écriture a débuté très tôt ne paraîtra qu’en 1927 soit cinq ans après la disparition de Proust.
Aujourd’hui encore Gallimard publie Proust. A l’occasion des 150 ans de l’auteur, Gallimard a publié « les soixante-quinze feuillets » en mars 2021.
A présent vous connaissez les secrets de l’histoire de A la recherche du temps perdu, de Marcel Proust.
Je vous propose un article relatif au 150 ans de Marcel Proust ici.
Plus d’information sur l’auteur Marcel Proust dans sa biographie